Ego 4

Ego4 ! [E]crin des [G]ouffres et de l'[O]r - 1 entité poétique, [4] auteurs (F.G.W.C) Poésie en vers ou de verre brisé, désillusion et élévation, irrévérence et nonchalance, prose aérienne ou aencrée dans les entrailles, le maudit et l'espoir, beat et beatitude, la beauté et la ruine...
Communauté du verbe et de la vision, à la recherche du vrai, jusque dans l'horreur, le corps, le lâcher prise, l'abject, la démence, la folie, la perte de contrôle et de repères, le jouir!"

29 septembre 2006


La Muse


Quand l’ombre se jette sur la terre et couvre sa poussière d’un noir commun crieur de lune, l’homme loup hurle sa prière. Chaque soir il implore les muses, il invoque leur courroux, leur chant immuable, il s’étend les mains ouvertes pour qu’elles viennent cracher dans ses paumes un halo d’inspiration, une force indépendante qui glisse et fuit comme l’anguille sous la roche. Parfois il reste des heures, enfermé dans sa cage à attendre qu’elles disposent et se déposent, brises aériennes, éclairs automatiques à marquer son âme d’une mélancolie vagabonde qui l’intronise écrivain délié des frustrations, acteur de son âme et pantin des voix muettes qui le libèrent de leurs moqueries narcissiques.

Alors le mouvement commence, la lente montée du ressac, les vagues brisées, menteuses vengeresses érodant sa digue, son tremplin vers le beau. Il est dense, ce mouvement transi d’images, il percute, noie l’esprit, balaie les seuils et abandonne dans sa fuite temporaire des syllabes frétillantes, des poissons d’or aspirant de l’air dans une apnée mortifère. Il l’éventre, le vide sur la jetée, expose ses tripes sur la plage blanche. Il le couronne de dépendance, mannequin de son intention, il le délivre de lui, de son immobilisme, de cette manière toute particulière de justifier sa vie dans l’absence de rythme.

Il ferme les yeux quand elle arrive sa mue, il la devine nue, ses ongles dans sa chair, il lit à voix haute les lettres de son corps, voyelles dans les rondeurs, son dans les seins et consonnes dans la déchirure. Il s’inscrit dans sa peau, l’a fait sienne. Il déverse son verbe, sa faconde comme il féconde. Elle le regarde candide tueuse, elle le porte, le soulève, l’attache dans sa toile, elle l’allitère, le défait de ses chaînes.

Elle pousse sa main sur ses défenses, elle les démonte une à une comme elle le déshabille, unis dans l’impudeur des silences. Elle guide ses doigts entre les lignes, elle boit son buvard, elle le nourrit de lèvres à langue en murmurant les accents. Elle le vampirise en ventriloques, beat dans les valves du cœur, elle lui donne vie sa prophétie, son but, sa première envie et dernière impression.

Quand il ouvre les yeux dans la violence de l’écrit, il voit le visage pur de sa muse, bouche couchée de blanc, il la décrit dans ce qu’elle lui dicte. Il la désire dans toutes les positions où elle l’écartèle. Il lui promet des leurres, il lui vend ses os dans les changements de saisons, il se donne entier avec sa peur, sa crainte qu’elle s’échappe comme elle l’a frappé dans une attente sourde. Elle est là, filet de sable entre les phalanges, à n’exister que parce qu’elle est susceptible de disparaître. Il lui donne un nom, un passé, une mémoire, il l’inscrit dans l’avenir, il la lie Lys dans ses entre-lignes, il l’aime dans chaque mot qu’elle fait naître, dans chaque dessein qu’elle colore en lui. Elle est forte même si elle pleure entre les sourires, elle est sa barque, son courant, son lien vers le vrai. La nuit quand il s’enferme contre elle, il est plus libre que dans les bois de son enfance. Elle est tout dans tout ce qu’il écrit, dans chaque vers, elle l’apostrophe dans chaque strophe et lui sourit même dans les points. Suspension du temps, elle plane immense comme un ciel, elle lui dessine une larme, elle trace un sourire en travers et met du baume sur ses joues. Elle lui donne sens, il lui dresse un autel, il se prosterne en psaumes ventre à terre. Elle pose impériale son talon sur sa joue et il lèche son cuir les bras assujettis à ses mollets nus, le regard planté dans son con de syntaxe.

G.




Chienne de garde sans collier


Regarde toi, petite fille, aux frontières de ta nuit, regarde toi, gaillarde empesée à l’envie tu cries tes advertances soigneusement concrètes, ces crachins, ces soupirs désembusqués de toi, ces charités fébriles en recueil machinal.

Récrie donc ta quête, je fais semblant d’y croire, aspirante vassale des mornes fibrillations, tributaire des hasards geignant dans tes entrailles.
Tu as faim, oui je sais tu as faim, de queues démentielles, de festoyade charnelle, et pour ça tu es prête à vendre tes certitudes.

Ne secoue pas cette face d’une véhémence glabre, je ne sais que trop fort qui tu trahis déjà, judassique hétaïre au ventre souverain, aux hâtes concentriques d’épicentre hystérique.
Qui crois-tu mystifier dans tes discours tactiles, lorsque tes yeux dévorent la peau moite de ton crâne, quand ta pudeur s’effondre en spirales vulgaires ?

N’était-ce pas toi hier, lorsque rien ne chantait dans ton ventre inconstant, qui arpentais les vrilles des continences blêmes ? exultant de briser les cycles délétères des attelage mixtes voguant vers le banal, tu versais sur quiconque copulait marital tes œillades breneuses empreintes de pitié.
Mais là ça crie liquide dans le creux de ton corps, à cet endroit tragique, l’âtre de tes fracas.

Ça pue la solitude lorsque tu te fais femme, ça brûle les amplitudes de la faim qui tenaille… Par trois fois renie-toi avant le chant du cygne, signe ta radiation de l’ordre des autarciques.

Oui je sais tu as honte de tes regains femelle, la fureur s’amoncelle sous tes yeux qui se baissent, oblate tourmentée par l’odieux héritage : ce besoin médullaire d’holocauste évéen.

Petite chienne grégaire dévorée par le stupre, tu t’engloutis, noueuse, au plus sale de ta hargne : fourreau d’une lame blanche au métallique charme, destin patibulaire : sous-fifre hormonale.

Le feu perle à ton œil, exhérédée, perdue : pas moyen d’endiguer cet instinct d’animale, et tu bouges sous le joug de l’intrusion caudale, vibrionnant en pleurs lorsque l’éclair cisaille ta muqueuse harassée de putain habitée.

Tu en crèves de souffrir du trop-plein vacuitaire, l’appariement te souffle ses promesses mielleuses, et si et si, pas vrai ?
Se couler dans le moule du confort conjugal, les projets d’à-venir en guise de lumignon.
Il a suffit d’un trait d’endorphines coïtales pour répudier tes vœux, branle bas magistral, apostasie charnelle, tu es prête à damner ton infini tronqué pour un geste enjôleur, une caresse troquée contre un morceau de leurre.

Allez, rentre chez toi, dans ta tour de Babel aux mille pierres posées par des hombres de passage, c’est le prochain peut-être qui fermera ton gouffre, moi je n’ai fait qu’humer tes apostrophes bestiales, assouvir moi aussi le monstre qui bouffe mes tripes, abjurant un instant mon Graal monastique.

W.



27 septembre 2006


Hommes aux visages éteints


Tu la veux ta baffe Giseyle ?

A l’implorer de te battre, de te fouetter, de te cracher au visage et déposer sur ton faciès hautain de nuit glacé le quolibet de la honte, scarification dans ta chair des souvenirs de domination. Tu l’as castré, je te l’ai déjà dit, mais je le redis, tu l’as castré ton mâle, ton homme, ta vérité de l’homme, celui que tu quémandes dans tes fantasmes de tromperie, sous la forme des voisins ou des percepteurs, impositions ou cachet sur ton derrière, au tampon énergique et brillant de lettres estampillées du foutre chaude-pisse.

Tu t’émancipes mon colibri, tu voles en surplace mais avant tu rampais, tirée par les cheveux, amenée à la grotte pour déflorer ta vertu, ton innocente candeur sanctifié dans l’idéal d’un il vagabond et indépendant, aux bras protecteurs et à la sensibilité écorchée, aux blessures vives mais maîtrisées. Tu veux t’abandonner mais il est là faible et fragile, comme tes copines à chialer sur la disparition des moineaux du centre-ville. Alors tu le secoues, tu lui demandes de te remplir la bouche de doigt, de déchirer tes bas joues pour que ton visage se jokérise, cuter de haut en bas quand tu riras. Tu demandes qu’il te fasse mal, plus loin, plus fort pour te sentir vivre, tu demandes qu’il te frustre, qu’il ne soit pas ton esclave mais tu continues de donner les ordres, tu l’infantilises en le nourrissant de ton sexe sale, tu lui tends comme une carotte. Tu ne pries plus, tu ne crois plus en rien, la fidélité, elle te fait rire autant que lui depuis des décennies.

Tu te greffes une queue ma chérie, tu l’agrémentes de pâtes, tu la modèles, lui donne une taille convenable, tu t’armes d’un gode, tu vas l’accuser de te faire lécher tes copines, de les pénétrer d’un mouvement idiot des hanches avec la ceinture de ta mère. Parfois tu auras même envie de l’enculer ce pauvre type là qui attend ses ordres comme un lion en cage, un lion anesthésié aux calmants, comme ces requins d’aquarium avec ce nageur au milieu qui leur ouvre la gueule pendant qu’ils coulent et dérivent. Glisse ta tête, enfant de l’histoire, viens la poser dans nos mâchoires, joue ton cirque et laisse toi écraser en un coup de dent. Tu crois qu’on la sort par plaisir, qu’elle se vide naturellement dans une volonté pernicieuse de destruction, tu crois qu’on est heureux d’être élan animal tendu vers la conception d’un acte sans but, tu crois qu’on est heureux de n’être qu’un jet, même pas courageux, un jet par saccade, d’être le qui permet la réalisation.

On les porte tes angoisses, on les a fait nôtres. On les ressent tant qu’on ne s’en dissocie plus, certains se refusent à voir que nous ne sommes qu’un à présent et que nous devons avoir envie de baiser nos pairs, nos pairs complexés encore et pour des millénaires des humiliations subies.


G.



26 septembre 2006


Absence


Il avait vu l'absence, elle était blanche
blanche comme un dernier éblouissement

un horizon de semblants
un azimut défié, perdant

Il avait vu l'absence, perdu au change
Le noir n'était qu’avenir, plus sur chairs

aveuglément, là sous la terre
se souvenir , contraste amer

Il s’est enduit d'absence, comme une revanche.


...

Elle avait dit à bientôt, comme une excuse
filet de voix coulant comme un fil d'ariane
que du bout des fièvres, il retient : une ruse
qui n'abuse que de la raison, qui la profane...

Il avait vu l'absence, elle était blanche
blanche comme l’incision d’un mutisme lent

...

aveuglément, là sous la terre
des souvenirs, pire qu’un enfer

et pour toute chair, les courbes de l’absence.


F.





Les bouges rouges


Femmes suaves, métastases du désir, qui bouge dans les bouges avec les verres sur la tête, immobiles, sous la saccade des fesses fières. Lourdeur de la peau plaquée au tissu, les yeux baissés pour ne pas croiser le leur. Accroché, attaché, assujetti, vissé à leurs voix de tête. Bon sang, leurs dos, v indécent de chair à vif qui vous toise hautain comme le visage d’une petite bourge bruxelloise.

Faible et fragile. Et quand sous les coups de beat des boîtes bombées de torses, on se démet assoiffé de salive teintée de sang, c’est leurs langues salines que l’on suce. La bière sans mise, démise au point de chute, de courbe, bandée dans l’arc, défense mise à nue. Etre dieu, d’un coup, sans semonce, avec les corps unitaires de l’atmosphère, tringler la terre la bouche en ouverture dans une danse, une transe crispée des mouvements désinhibés et baiser l'espace les mains sur leurs jambes, grippés à leurs culs, les yeux brûlés dans l’enfer de leurs gouffres.

Et les courses au motel, titubant imbibé, avec les infatués marins, les claudicants, les estropiés, les déprimés de l’Europe, le grand foutoir, le sud et l’est comme terres d’espérance à vomir la vengeance dans les passes, ne laisser aucune trace. Et les murs qui suintent le sexe, les râles, les cris étouffés, les douches, les portes qui claquent quand ce ne sont pas les coups.

Vols de hérons dans le ciel haut de Tana avec les rizières en horizon et la misère en couche comme pour baliser l’écho d’une jouissance monétaire. La tête posée contre la fenêtre, le souvenir du sel de leurs bouches. Et se regarder en reculant dans le reflet laissé par la nuit, la nausée collée au bide d’être passé près du gouffre, de la béance de ceux qui déflorent la beauté du monde en l’achetant d’un rire gras.


G.




Le couple


Il existe des cages dans lesquelles parfois on s'enferme parce qu'au fond de soi l'on est certain de mourir en étant libre. Parce que la vie se refuse à nous et de sa brillance centenaire nous nargue en rire gras comme le murmure des ancêtres repus du temps, creusant des cavernes d'amour sous terre, élevant des ponts de boue pour accueillir les anges déchus, les brisés, les célestes qui pleurent comme ils chantent dans l'errance de la solitude.

Il existe des prisons que l'on se crée pour se protéger, juste parce que la lumière est criarde et brûlante au bout du tunnel de l'amer. Alors on vit avec des oeillères et quand les regards nous percent et nous frôlent, on tombe les paupières comme s'étalent les mannequins de paille sur les champs de la guerre.

Il existe au bout du compte, au bout de nous, un espace comme un éden dit-on tout bas comme si on n'y croyait vraiment et de ce lieu défendu jaillissent des arcs-en-ciel, des chimères, des prières millénaires qui bercent et consolent les hommes qui se sont vus vider leur sang, leur mémoire pour survivre.

Il existe un homme qui marche sur un chemin, une route qui doit l'amener à se dépasser. Sur la route près de lui, dans la même foulée, sous la même lune et dans le même axe, une femme tient sa main, elle le guide et lui sourit de son visage tendre et serein pour lui dire qu'il peut se taire, qu'elle a compris que dans son silence il y avait cette complicité qu'elle avait devinée, qu'il avait suggéré.

Parfois quand il essaie de lui parler ce sont juste ses lèvres et ses paupières tristes qui se brisent de rides et de fossettes et sans qu'un son ne sorte il lui fait la plus belle des déclarations, celle de n’avoir aucun mot pour lui dire ce qu’il vit.


G.




Rêve de violence


J'ai pris ta gueule, je l'ai arrachée. Il la tenait en joue assis en face d'elle avec un gun dans sa face jaune de trouille. Elle n'osait pas bouger, moite odeur de pisse sous sa chaise avec la vue de Marseille qui tournait devant moi, dans la fenêtre ronde à 360 degrés. C'était noir et blanc et je continuais de dévisser sa nuque sans qu'elle ait le temps de prononcer un son, la chaise qui claudiquait sous mon poids. Lui riait au fond dans le fond, d'un rire rouge, avec ses dents séparées de grands espaces et les postillons qui partaient à chaque bruissement d'éclats.

J'allais la tuer sans aucun doute, je la tuais pour les milliers d'autres qui avant elle avaient fomenté la mort des combattants mâles, la perte des repères, alors que les chiennes stupides n'avaient au fond de leurs rêves salaces fait qu'implorer la résurgence d'une fange grossière d'hommes barbares et primaires, de primates qui les font se sentir femmes objets, dominées et obsolètes dans leurs tentatives de pouvoir.

Pute, salope, chienne, je te démets la gueule et ma main striées de sang, rainure diabolique sous mon rictus de haine, se ferme en poing pour achever de te rendre à la terre.


G.




Voyage shamanique


Il est dans le silence de ma tourbe intérieure
Un vacarme infrangible qui parjure mes spasmes
Une vision d’alter un partage-marasme
Une voix séculaire, un ménechme hâbleur

Des saturnales sourdes abrutissent mes dogmes
Irritant les parois de mes sons autochtones
Il est des stances brutes, pétales de virulence
Dans mes abymes enflés d’infinies nonchalances

Dans l’envers du décorps que l’infini terrasse
Méandres infernaux, germinations pyrrhiques
Adné à cette fusion, sans que la mort m’efface ;
Des averses vulcaniques timorent ma gestuelle.

{mon Amour…}

Des secousses m’accablent comme des genèses mortes
Ton ombrage me sépare de l’oubli pélagique
Ta gloire gît en écueil sur ma route tragique
Et le ciel atomaire divague ses longues hordes…

Il me pousse des membres, des squames, des ongles, des ailes
Vitruve prophétique au masque triomphal
Je balbutie déjà les morbides appels
Métamorphe transi dans le vide claustral.

{mon Amour je me meurs, l’agonie baptismale m’effleure de ses ardeurs , j’emporte dans mes haillons la cédule tâchée de langueur humorale, mes pensées en charpie, et ton nom immortel…}

mes naissances latentes bouillonnent dans l’amnios
qui s’éploie en vagues d’antique conscience,
je suis enfin au Monde, parcellaire homogène,
et vibre à l’unisson des siècles et des planètes…


W



25 septembre 2006


Je ne jouis plus


Je ne jouis plus

Plus d'envie, pas de possibilité d'envie. C'est mort dans le futal, carbonisé des émotions. J'ai la berne en étendard. Et les images qui crachent leur nausée et leur teint morbide dans l'écran sauvage, les feuilles aux doigts noircis finissent dans les caisses en plastique qui sautent au coin des rues. Ca pisse rouge, ça broie du noir, mes frères assis par terre, la tête molle et le regard baissé. J'ai honte d'être un homme fantôme. Et je bute, culbute sans création, je frotte, je me rembarre dans les piaules moisies des atomes éphémères.

Je ne jouis plus.

C'est dans les buttes de rêves, dans les rues étroites que je cravache et fouette les visages courbes. J'écartèle, je vomis, je rumine les écarts, j'arpente les bacs de merde, gravite la tête en bandoulière et cisaille les plaies imaginaires. Donne-moi de quoi laver la boue, frôle ma peau, bousille mon ego. J'ai foutu en arrière les mèches de la lie, la main voûtée dans le caleçon, je le secoue, le triture, le tend et l'offre en jachère au plus offrant. Mais je ne crache plus, le vent de travers, la fumée de biais. Je suis flou, vague et c'est tout.

Je ne jouis plus.

Je plaque des corps, le tronc figé, la tête en brume. Je crise dans l'asthme. Je ramone, tamponne, végète des heures durant dans ces arcs sans visage. Je pétris la peau en soubresaut. J'y suis presque parfois, prêt à lâcher la bride qui m'enserre, le regard en œillère. Perdant le nord, je tire des coups en l'air, éjaculant de fantasmes. La nuit dernière j'ai nagé dans la mère, j'ai noyé mes chimères dans ses vagues de profondeur. L'apnée en défi. Prends, dégage, rends-toi, fuis, brûle, j'ai brisé la mosaïque fatiguée.

Je ne jouis plus.

Je suis mort, éteint dans le caveau sans nom, oubliant de vivre, de rendre la frénésie des accès idéaux. J'ai eu tout faux, à cultiver des armées de pantins hystériques sur la combustion des regrets. J'ai prié les matins de chanter un autre râle et j'ai mis le frein, désaxé en glissade. J'étais enclin naguère à verser dans les chemins de traverse et j'ai filé droit dans les toiles d'absence. Penseur passif assis sur la pierre désarmée, j'ai posé la contemplation en action. Et j'ai fermé sa gueule au gosse, je l'ai bouté hors des conceptions, je lui ai volé son sourire.

Je ne jouis plus.

Je me branle dans vos bouches, je me vide en hurlements. Je vous prends par l'arrière, je vous bourre dans l'absurde. Je m'absous en victime consentante. Je saigne, je griffe vos miroirs, je fracasse mon poing entre vos dents de jade. Je pisse dans vos faces maudites, je vous humilie et je m'ennuie. Je me le pose sur la tempe, je monte sur la rambarde, je tends la corde, je bande mais je ne jouis plus.


G