Ego 4

Ego4 ! [E]crin des [G]ouffres et de l'[O]r - 1 entité poétique, [4] auteurs (F.G.W.C) Poésie en vers ou de verre brisé, désillusion et élévation, irrévérence et nonchalance, prose aérienne ou aencrée dans les entrailles, le maudit et l'espoir, beat et beatitude, la beauté et la ruine...
Communauté du verbe et de la vision, à la recherche du vrai, jusque dans l'horreur, le corps, le lâcher prise, l'abject, la démence, la folie, la perte de contrôle et de repères, le jouir!"

29 mai 2007


Rouge


Rouge
C’est la couleur de fond qui cimente la nuit.
Rond.
C’est la forme indicible d’une hanche qui fuit.
Qui ondule, grappille dans ces instants de bruit, les froissements d’étoffe, et les chutes de soies.
Rouge.
C’est la couleur du puits qui s’érafle de pluie.
Rond.
C’est l’étrange ferveur qui s’anoblit, fermit.
Syncopées sont les vagues de ce sang épaissi, évasives sont les stances de l’éthique qui s’enfuit.
Rouge.
C’est l’infime lueur aux secousses binaires, le fanal de l’hôtel, borgne, au charme décati, presque invisible, tapi, loin des fiers assouvis.
Rond
C’est le son marmonné d’un violon qui frémit
C’est la main qui se cambre sur l’érectile transe, la bouche qui s’éclaircit et s’entrouvre, vacante : isthme reliant, tactile, d’un éternel instant le champ vultueux au chant d’un feu voluptueux.

Et soudain elle est là, dans son manteau de vair, nue comme une cadence qu’orchestrerait le ciel.
Elle happe, elle dérape, insinue son offrande sur le segment de peau qu’une piété a bleui.
Et lui, corps d’arc tendu, zébré d’évanescence, se délivre du secret des perles de satiété

Rouge.
C’est l’éclat du cri mat qui ne pourra jaillir
Rond.
C’est la forme du sang qui d’infini s’enivre
Rouge.
C’est la forme des lèvres, fruit de tous les supplices
Rond.
C’est ce qui va venir en sirupeux caprice.

Et soudain il s’en va, comme s’en va l’été, tel un point cardinal dont flancherait la courbe : l’éclair zèbre ses reins, elle est reine à présent, dans ce moment fugace de mortelle naissance.
Elle fait luire son règne sur le rouge de ses lèvres, ourlée de blanches notes sur le rond de sa bouche.
Sceptre contre tiare, le combat est fêlé, sourire adamantin contre rictus de saint.

Rouge.
C’est le signal aigu de la fin des bohèmes, la stridence païenne du venin qui s’exhibe.
Rond.
C’est le geste qui signe, comme saigne une vierge, d’un paraphe mouillé, l’Eden qui choit en bribes.


W.



17 mai 2007


Sololithe


L'introspection s'achève, elle se dilue avec la nuit dans l'aujourd'hui placide.

Complexité extraite du chaos de l'existence, il ne reste plus qu’un champ de doutes.
Est-ce la clarté, la fraîcheur, le matin qui tranchent et exposent cette sentence?
Les variations, les oscillations, les paradoxes rendent toutes vérités instables, toutes évidences infirmes. Le grand plan est un infini schizophrène qui n'apparaît qu'aux crédules apeurés et s'impose à eux sous les traits de leurs rêves empêchés.

Cette nuit, j'ai perçu une lueur. J'ai aperçu un possible. Il était vêtu de vapeurs, il était impesant.

Sous les dissipations aériennes, en nuit
l'armistice condamne le sommeil et la peur
aux bourdonnements cerclés de tiède folie
et de murmures abolis par la torpeur,
lorsque d'obscurités émerge vacillant
une étincelle de vécu
qui éteint belle l'effarant
s'efface l'illusion animale, trop aiguë

Oui, il résonne encore, il vibre imperceptible,
il entend ses sangs forts à présent perceptibles

C'est l'écho comaté de caresses griffées
les telluriques veines qui s'entrechoquent
c'est le feu intangible et les perles crachées
d'un séisme affamé au contour équivoque

Il touche encore le sol, il boit encore au ciel,
quand personne lui est frère, il s'émeut sensoriel

C'est la nacre d'après, l'insensé y est loi
les sens encore flottants dévêtus y sont proies
subreptices les droites, les angles, le clair
défont ses absences et replient ses envers

L’intuition de cette finitude,fière entre l’aube et l’aurore, s'est éteinte, soufflée par l’ombre du soupçon qui gouverne le monde, entre le crépuscule et l’évanouissement suivant.
Entre deux, entre pôles, entre états, entre nuits, entre feux: soliloque, monologue...

Encore entaché par ce partage en déséquilibre de cristal, le monolithe se meut à contre-sens de la vie, mais vivant se meut pourtant. Si lent.
Silence, silence, silence, les autres ouvrent les yeux, ne plus se dévoiler et ne plus les envier.

F.