Ego 4

Ego4 ! [E]crin des [G]ouffres et de l'[O]r - 1 entité poétique, [4] auteurs (F.G.W.C) Poésie en vers ou de verre brisé, désillusion et élévation, irrévérence et nonchalance, prose aérienne ou aencrée dans les entrailles, le maudit et l'espoir, beat et beatitude, la beauté et la ruine...
Communauté du verbe et de la vision, à la recherche du vrai, jusque dans l'horreur, le corps, le lâcher prise, l'abject, la démence, la folie, la perte de contrôle et de repères, le jouir!"

22 janvier 2007


Un idéal


Si je pouvais choisir, tu sais comme dans ces rêves de gosse ou dans ces îles imaginaires où tous les vœux sont exaucés, si je pouvais choisir ma vie, certes on peut toujours la choisir un peu et lui imprimer un mouvement régulier mais là c’est comme si on avait la force de le faire là où parfois on abandonne ou baisse les bras.

D’abord j’aimerai être toujours en accord avec la pensée du moment et ne pas la trahir en la transformant dans mon esprit, pour cela peut-être faudrait-il que je retrouve les ambitions de l’enfant que j’étais parce que bien souvent et comme je le disais je n’ai pas 20 000 projets sous la main. Une phrase que j’aime dit « si tu veux faire marrer Dieu, parle lui de tes projets », soit …

Je partirai, je vais le faire un jour, mais je gagne bien ma vie alors il faudrait que je me sépare de l’idée de faire du pognon, il me tomberait du ciel, un peu juste de quoi comme les oiseaux pour voir le lendemain et sans m’en soucier. Je vivrai en montagne où je créerai une communauté avec mes amis, car l’idée de les voir partir me peine, je voudrai mourir avant eux d’ailleurs, la perte d’un être proche te sectionne d’une partie de toi, c’est trop dur, je ferai revivre ma mère parce que je sens que même si mon deuil est fait et j’ai eu le temps de le faire pendant sa maladie eh bien elle me manque quand même et que j’aurai parfois besoin de sa douceur et de sa compréhension naturelle.

J’aurai une femme qui comprend entre les lignes dans la tolérance de l’individualité, qui aimerait les choix que l’on pose parce qu’ils sont accomplis dans la douceur de vivre, je la désirerai toute ma vie sans avoir envie de la tromper parce qu’en fixant ses yeux profonds ou en veillant sur son sommeil calme je n’aurai jamais été aussi apaisé et certain d’aimer. Je n’aurai pas à lui prouver quoique ce soit parce que de preuve il n’y a pas à en donner si on a confiance. Quand on serait en société, juste un regard nous permettrait de comprendre les intentions de l’autre ou ce qu’il pense de la connerie qu’un idiot à la table vient de prononcer. On se sourirait complice sans s’en lasser.

Je verrai courir mes gosses sur la terrasse en bois devant le lac, le soir je m’accroupirai devant l’eau et je regarderai passer majestueux les cygnes blancs détachés de tout sauf de ce qu’ils sont, petit équilibre précaire mais stable de l’univers, et des bras viendraient m’entourer par derrière. L’endroit où je vivrai ne serait pas éloigné d’une ville, pas trop loin pour que je puisse bouffer du ciné, de la culture même si l’on dit qu’il y a plus de sagesse dans la nature que dans les livres, je suis quand même un enfant de la ville.

Mon idéal serait de travailler 6 mois par an et de voyager les 6 autres. Je passerai par l’Asie, je t’emmènerai à Hanoï, à Bangkok, à Angkor, sur la muraille, dans les jardins fleuris de Tokyo ou de Kyoto. Je remonterai l’Afrique du sud au nord, de Jobourg à Dakar. Je ferai la route 66 en moto, la descente de l’amazone, les andes et l’inde aussi. Je marcherai main dans la main sans avoir peur du couple, je serai guéri de mes fuites et de mes errances.

L’idéal ce serait de vieillir sans avoir peur de la mort, sans devenir une grenouille de bénitier qui cherche l’absolution et le réconfort dans la prière, ce serait la sagesse, l’éveil, la possibilité de faire le vide en comprenant qu’on est être de chair, de sang la plus belle expression des contraires qui nous définissent et finir par s’en accommoder. J’écrirai en ayant la certitude que j’ai enfin des choses à dire, pas juste pour faire jouer les mots, juste parce qu’ils s’imposent à toi et s’expriment par ton biais, juste parce que tu es à leur service, leur bras signifiant.

L’utopie serait d’être vrai jusqu’au bout en imaginant que nul ne tend à te définir en dehors de ce que tu es, l’idéal serait de se trouver avant de se perdre, d’être soi avec l’autre, avec la mère de mes enfants, de leur transmettre le sens de la vie, de leur jouer de la gratte le soir en chantant au coin du feu, de recommencer à composer comme avant et de leur céder le goût de la lecture en leur filant les bons bouquins au bon moment.

Et puis un jour partir en souriant juste comme ça sans rien dire mais en serrant la personne qui aura donné un sens à ma route, mon chemin. Partir le premier et dans un tunnel de couleurs éclatantes retrouver ceux qui nous avaient quitté en cours de voyage et attendre les autres restés en bas en leur compagnie sans qu’ils aient à se presser…

G.



02 janvier 2007


Le crépuscule de Don Juan


Elles se contorsionnent, se pâment, s'évanouissent,
ah les jolies proies consentantes, les belles victimes
comment ne pas vouloir trousser ces Reines soumises
honorer ces sublimes de charnelles escrimes

Mais pourtant le galant est moins glorieux d'humeur
que ne l'est sa légende: ses bottes sont inutiles
à peine dénudé, premier baiser sur fleur
que déjà l'hystérie s'empare de la facile!

Même lorsque plusieurs à décroiser les fers
il n'a qu'à défourrer sa lame nonchalant
pour que les corps s'affaissent et râlent de concert
triste chevalier roide,terres conquises chevauchant

On lui offre victoires, charnier de petites morts
et dans ses contritions, au sortir de bataille
il se compare las aux flamboyantes aurores
qui n'ont qu'à se lever pour orner les entrailles
des spectateurs ravis de spasmes affolants
alors que sous le mythe l'ennui berce Don Juan....

Jeunes femmes venues Dames me danser vos allures, vos dernières candeurs, vos naissantes appétences de fausses proies prédatrices, j'oublierai l'acide de vos terribles griffes imbibées d'opium charnel, j'éradiquerai de mes rêves vos douceurs élusives, je nierai d'un souffle las l'engeance tentatrice qui ne laisse sur ma peau que d'éphémères stries mais étrillent mon écorce à grands coups de rabot... Je vivrai en des terres où vos charmes et courbes crèveront sur les herses de mon blasement ogresque, où les soies de vos jus, les satins de vos chairs, les velours de vos cris, les cachemires de vos lèvres passés au prisme de mon mépris, tous me laisseront arrière-goût de verre pilé en bouche…

Et si poussées par rémanents vestiges de naïveté, vaniteuses vous approchiez encore, d'un air de dégoût sur vos visages célestes, d'un dédain appuyé de fier vieux mâle amer, je marquerai vos vies d'un souvenir honteux.

Il est tard, si tard enfin. Seule la nuit encore me paraît désirable!

F.