Ego 4

Ego4 ! [E]crin des [G]ouffres et de l'[O]r - 1 entité poétique, [4] auteurs (F.G.W.C) Poésie en vers ou de verre brisé, désillusion et élévation, irrévérence et nonchalance, prose aérienne ou aencrée dans les entrailles, le maudit et l'espoir, beat et beatitude, la beauté et la ruine...
Communauté du verbe et de la vision, à la recherche du vrai, jusque dans l'horreur, le corps, le lâcher prise, l'abject, la démence, la folie, la perte de contrôle et de repères, le jouir!"

01 février 2008


Into the wild


Je contemple du haut de mes trois pommes, je contemple les gens, je leur souris pendant que les oiseaux nettoient leurs ailes Je suis loin déjà, haut et bas à la fois, à ronger ma foi et mes os pour une entreprise à laquelle je ne crois pas. Et je tombe, je tombe de mon arbre, de mon toit, de ma colline dense, je chute mille fois, la tête solide mais l’âme ouverte essoufflée de cris muets. Je ne suis déjà plus là mais je t’entends encore hurler et tempêter, t’ouvrir les plaies et les grignoter avec obsession. J’espère que tu ne m’en voudras pas de te laisser seule parce que quand je médite assis sur ta chape de marbre, je ne parviens même plus à te parler. C’est que je n’y crois plus à ton entreprise, à ton combat ordinaire, je préfère vider mes poches et effacer les crachats du tableau noir. Je suis nu au bord de la route, sans rien à échanger, enfin libre d’être vrai. Je n’ai plus de besoin, de manque, je veux juste pouvoir contempler sans bruit. Je ne veux plus de tes constructions, tes projets et tes ambitions, ta soif du toujours plus et je n’ai pas envie d’accoucher de ta reconnaissance quand tu auras baisé ma conscience. Je pars pour le Nord, les espaces et le grand vide, pour être à ma mesure, rien de plus qu’un corps froid recroquevillé dans des draps. Je me sens heureux tu sais de ne plus mentir. Je me sens si riche quand je cours dans les plaines et qu’assis face à l’horizon je perçois le vol d’un rapace comme la signature délicate d’une toile monochrome. Je fais partie d’elle à présent, de cette nature que j’avais regardée depuis les reflets de l’enfance. Je contemple du haut de ma barbe de quatre jours, je contemple les élans et je les épargne à présent souffrant trop de leur ôter la vie pour sauver la mienne. Parfois j’ai envie de revenir vers toi, traverser cette rivière qui nous sépare et te prendre dans mes bras, ouvrir ta tombe et te dire que tu me manques. J’ai faim, j’ai froid mais jamais dans les moments où je t’ai retrouvée, serré dans mes draps, je n’ai regretté mon choix. J’ai été heureux.

G.