Ego 4

Ego4 ! [E]crin des [G]ouffres et de l'[O]r - 1 entité poétique, [4] auteurs (F.G.W.C) Poésie en vers ou de verre brisé, désillusion et élévation, irrévérence et nonchalance, prose aérienne ou aencrée dans les entrailles, le maudit et l'espoir, beat et beatitude, la beauté et la ruine...
Communauté du verbe et de la vision, à la recherche du vrai, jusque dans l'horreur, le corps, le lâcher prise, l'abject, la démence, la folie, la perte de contrôle et de repères, le jouir!"

24 avril 2007


La pathétique du clown


Ces êtres aux difformes et grimaçantes frasques, aux sabirs délirants, à la langue salace, aux haillons polychromes pour griser les prunelles, teintes brutes et rire gras, armes aux lames molles…

Le bouffon est morose, disgracieux arlequin… mais que vienne la rampe, et ses feux éthylènes, reviviscence instable lorsque tonne la peur.
Rire, et faire rire, se battre contre l’obscur, contre les tremblements qui assaillent les cuisses, et contre ces lacrymaux venins d’incohérence qui s’échinent à paraître mais qu’on égaie, qu’on singe comme pour s’étourdir.

Et pour ne pas sombrer dans la fêlure du drame, ne jamais s’éveiller aux aubes en solitaire, ils tracent de leurs blessures commuées en sous-rire, ces larges échancrures gravées au blanc d’Espagne, de tristes mais coruscantes déflagrations bancales.
Effrontés aux bas front, où se rongent les vides, mais qu’on bourre sans vergogne de pauvres rodomontades : Le rire en vulnéraire, pour calfater l’absence de fierté vagabonde, les clartés moribondes signant dans leurs remugles l’étrange sénescence.

Fuir le collapsus, de toutes ses jambes folles, et trahir mille fois son silence par l’obole de rictus indécents, de bruissements obscènes qui tiennent la dragée haute aux terreurs ancillaires.

Perruqués et fardés, masqués de redondance, ces êtres mélaniques aux vains abrutissements ; bigarrés pusillanimes, bariolés quémandeurs d’une once de récompense : chiens savants, cabots-teints, pitres graves mendiants de plate gratitude, voyez comme le rire est l’aube du mépris, sous l’épaisseur du fard, le phare de vos vies blanches n’éclaire qu’un instant le masque des spectateurs, ces ombres instantanées aux grimaces fugaces, juste avant la débâcle, le bataclan des pleutres hisse ses langues noires comme des danses macabres. La pitié glose, voyez, éclatante invective, glissée en palimpseste sur l’hilarité morne.
De rire à risée, il n’y a qu’un trépas.


Bateleurs sédentaires aux appétits nomades, au ventre poupée-gigogne, matriochka tapie à l’ombre de rêves cassés, blessés par les tessons du gouffre inaltéré, qui rangez dans vos malles aux mosaïques fétides toutes les facettes hâves des rêves inachevés, qui jamais n’étanchez, sisyphes aux lèvres sales, aux factices facéties, vos soifs inextinguibles de briller depuis l’âme…
Alors, triste destin aux desseins mortifères, recouvrez vos visages de paillettes délébiles, recouvrez vos refrains de calembours débiles, et vos vacuités lourdes de risibles sépulcres.

Esclaves de l’esclaffe en battements de coulpe, carrousel délirant pour pallier au silence que l’écran cristallise, et le faciès brouillé par les hordes de rides, ces assauts de plis creux : commensales Erynies aux gageures mauvaises… une peau néoplasique, couche morte de plastique badigeonnant la face où suintent les amertumes, mais posée en égide poudrés de drolatique : simiesque évanescence où se terre l’angoisse ?





W.



[Rien n'est plus commun que le désir d'être remarquable] - William Shakespeare -





02 avril 2007


Viens sur la rive


Viens sur la rive, la dérive, dévie
Viens encore et prolonge l'effort
Statue, marbre ou couvercle d'or
J'ai des coffres solides, des ponts,
Des livres et des chants de lyre
Qui bercent la mélodie des accents
Gravés sur la peau en tatouages
J'ai ton nom dans la chair
Je t'embarque, je rambarde
Je prends le large, la terre est sèche
C'est de l'eau qu'il nous faut
En apnée, en silence, dans l'embrun
Fin et salin qui brûle les plaies
Et cautérise les petites cicatrices
Du marin qui a vogué d'océans en mère
J'ai ton nom dans la chair
Pose ta tête, le maquillage ruisselle
Pose ta main, l'artifice frappé en huile
J'écaille une à une tes défenses
Je les jette à l'eau, festin des requins
Et l'albatros qui pousse le radeau
De son envergure folle et immense
Pour que je protège ton corps de l'écume
J'ai ton nom dans la chair


G