Ego 4

Ego4 ! [E]crin des [G]ouffres et de l'[O]r - 1 entité poétique, [4] auteurs (F.G.W.C) Poésie en vers ou de verre brisé, désillusion et élévation, irrévérence et nonchalance, prose aérienne ou aencrée dans les entrailles, le maudit et l'espoir, beat et beatitude, la beauté et la ruine...
Communauté du verbe et de la vision, à la recherche du vrai, jusque dans l'horreur, le corps, le lâcher prise, l'abject, la démence, la folie, la perte de contrôle et de repères, le jouir!"

25 septembre 2006


Je ne jouis plus


Je ne jouis plus

Plus d'envie, pas de possibilité d'envie. C'est mort dans le futal, carbonisé des émotions. J'ai la berne en étendard. Et les images qui crachent leur nausée et leur teint morbide dans l'écran sauvage, les feuilles aux doigts noircis finissent dans les caisses en plastique qui sautent au coin des rues. Ca pisse rouge, ça broie du noir, mes frères assis par terre, la tête molle et le regard baissé. J'ai honte d'être un homme fantôme. Et je bute, culbute sans création, je frotte, je me rembarre dans les piaules moisies des atomes éphémères.

Je ne jouis plus.

C'est dans les buttes de rêves, dans les rues étroites que je cravache et fouette les visages courbes. J'écartèle, je vomis, je rumine les écarts, j'arpente les bacs de merde, gravite la tête en bandoulière et cisaille les plaies imaginaires. Donne-moi de quoi laver la boue, frôle ma peau, bousille mon ego. J'ai foutu en arrière les mèches de la lie, la main voûtée dans le caleçon, je le secoue, le triture, le tend et l'offre en jachère au plus offrant. Mais je ne crache plus, le vent de travers, la fumée de biais. Je suis flou, vague et c'est tout.

Je ne jouis plus.

Je plaque des corps, le tronc figé, la tête en brume. Je crise dans l'asthme. Je ramone, tamponne, végète des heures durant dans ces arcs sans visage. Je pétris la peau en soubresaut. J'y suis presque parfois, prêt à lâcher la bride qui m'enserre, le regard en œillère. Perdant le nord, je tire des coups en l'air, éjaculant de fantasmes. La nuit dernière j'ai nagé dans la mère, j'ai noyé mes chimères dans ses vagues de profondeur. L'apnée en défi. Prends, dégage, rends-toi, fuis, brûle, j'ai brisé la mosaïque fatiguée.

Je ne jouis plus.

Je suis mort, éteint dans le caveau sans nom, oubliant de vivre, de rendre la frénésie des accès idéaux. J'ai eu tout faux, à cultiver des armées de pantins hystériques sur la combustion des regrets. J'ai prié les matins de chanter un autre râle et j'ai mis le frein, désaxé en glissade. J'étais enclin naguère à verser dans les chemins de traverse et j'ai filé droit dans les toiles d'absence. Penseur passif assis sur la pierre désarmée, j'ai posé la contemplation en action. Et j'ai fermé sa gueule au gosse, je l'ai bouté hors des conceptions, je lui ai volé son sourire.

Je ne jouis plus.

Je me branle dans vos bouches, je me vide en hurlements. Je vous prends par l'arrière, je vous bourre dans l'absurde. Je m'absous en victime consentante. Je saigne, je griffe vos miroirs, je fracasse mon poing entre vos dents de jade. Je pisse dans vos faces maudites, je vous humilie et je m'ennuie. Je me le pose sur la tempe, je monte sur la rambarde, je tends la corde, je bande mais je ne jouis plus.


G



3 Comments:

Blogger Ego said...

Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

26/9/06 02:43  
Blogger Ego said...

Je ne sais pas jouir.

C‘est toujours la même danse, le même affrontement, seul le partenaire change. Je vous sens derrière moi, à la tombée de mon corps, retombées des sueurs que vous ramassez comme on filtre l’or des eaux. Moi je divague, je m’inspecte le reflet profil haut dans vos prunelles déjà délavées par le désir vaniteux. Je m’inspecte, je me contrôle, je me jauge dans ce petit ovale de vous, vos yeux si ternis par l’envie en vous de mes soupirs, de mes extases. Eh bien non ;

Je ne sais pas jouir.

Je ne vous ferai pas cet honneur, je retiendrais tout en boule dans le bas-fond de mes reins, je retiendrai le plaisir, j’en ferai une boule concentrée et brûlante, mais elle sera pour moi, juste pour moi, à l’intérieur de moi, ignorée de votre corps à vous intrusif. Vous pouvez pénétrer tant qu’il vous plaira, limez donc, allez-y, vous n’y changerez rien, dedans tout est déjà poli comme une maison neuve. J’ai la paroi endormie, les contours sous morphine et les seins ailleurs.

Je ne sais pas jouir.

Parfois j’aimerais vous cracher à la face ce qui se brûle en moi, à l’endroit même ou vous allez et venez en profanant mon corps. Me foutre dans votre foutre en jouant le plaisir absolu, l’appétit viendrait-il en mangeant, qui sait ? Emettre des « ahh » « ohh » « oui… » Pour le plaisir de vous voir apaisé. Ça serait ça ma jouissance, vous mentir, vous tromper, sous vos yeux, n’y a-t-il pas de plus adroite manière de tromper quelqu’un qu’avec son consentement involontaire ? Vous voudriez me faire participer à une mascarade que je ne comprends pas, je vous prends à votre propre piège, je simulerai. Je me sens actrice jusque dans ma mouille. Je me sens libre jusque sur la pointe des seins.

Je ne sais pas jouir.

Vous ne l’aurez pas. Ma jouissance, mon abandon, ma plénitude. Oh, lapez tant que vous le désirerez, lapez, doigtez, défoncez, sucez, soyez l’intrus abusif, votre désespoir, votre volonté du cri, du soupir est mon pain de ce jour. Je me nourris de votre désir plein, votre désir désespéré, votre désir qui vous perd, vous assoiffe, vous assèche pendant que vous me faites mouiller de mieux en mieux. Bravo chevalier, oui, il faut bien encourager les efforts de chacun. Sauf que les vôtres seront vains. Je l’ai décidé, je l’ai voulu, le contrat est signé : je ne succomberais pas.

Rien à faire.
Je ne sais pas jouir.

L.

29/9/06 13:35  
Anonymous Anonyme said...

Le fantasme masochiste le plus générique demeure celui de l'enfant battu auquel l'Autre imprègne sa marque indélébile en tant que signifiant u(ri)naire. Il deviendra un culte incontournable alors qu'il s'emploiera à incarner lui-même l'objet perdu, identifiant son être au déchet de l'opération signifiante et se présentant comme tel devant l'Autre: vermisseau tout entier dévolu à sa suprême jouissance qui est précisément de ne plus pouvoir l'accomplir pour alimenter le fantasme par essence masochiste.

24/11/06 13:45  

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