Ego 4

Ego4 ! [E]crin des [G]ouffres et de l'[O]r - 1 entité poétique, [4] auteurs (F.G.W.C) Poésie en vers ou de verre brisé, désillusion et élévation, irrévérence et nonchalance, prose aérienne ou aencrée dans les entrailles, le maudit et l'espoir, beat et beatitude, la beauté et la ruine...
Communauté du verbe et de la vision, à la recherche du vrai, jusque dans l'horreur, le corps, le lâcher prise, l'abject, la démence, la folie, la perte de contrôle et de repères, le jouir!"

16 mai 2008


Porno-Traffic


Lumière virale, zénithale de quelques néons blêmes griffés aux chiures de mouches :
A l’arène vide du cabaret sauvage, au vide de l’évocation, la lumière a ouvert ma gorge, et a noué en moi l’innocence burinée, saudade musée en psaumes n’épargnant nulle goutte qu’écoperont mes cils, frondaison carnassière aux ankyloses scissiles.

A peine un frôlement dans les limbes de soie, et le couperet se glisse au delta aurifère, la tomenteuse égide barrant le monastère aux tièdes confluents : ils tournent mille fois autour de moi, en vagues d’impro, sessions fugaces, cordés-accords, potions tragiques passées aux tamis des nuits rances, philtre débours, corpus geignant : « chérie, c’est du porno, tu n’as même pas à dire oui. »

Sous l’ombre naissante de l’avant-garde, ils greffent leur chair à mes crevasses,
me griffent d’un regard désinvolte, fièvre martiale, trait diagonal et j’oppose à ces yeux mes suppliques inaudibles d’odalisque pudique, qui les font rire -c’est juste pour faire languir, disent-ils, réjouis- Ils croient connaître par cœur mes mines de chatte gourgandine, et mes airs ingénus de Barbie barbouillée, mes râles d'esclave Slave, perdue...

Color climax, techni’clamor, qu’importe ici le son n’a pas d’odeur, le sang pas de valeur, c’est le porno, c’est théorique…
Sur leurs bouches grisée par le sang s’infiltre l’oxygène évident : c’est beau c’est bon c’est le porno.

Je hurle mes venins, mes urgences, les engloutis dans mon absence ; je quitte la terre, abîme les cieux, poupée onctueuse ointe à l’abject, j’vais pas pleurer, c’est le porno, c’est mon boulot, c’est mon credo.

Faut que j'évite d'ululer comme un oiseau meurtri : c’est pas les mêmes cris, ça fait pas vendre, ou peut-être bien trop, qui sait?
Bébé articulé aux disques éraillés invasion d’orifices, aliénation factice, je geins, gis, grogne et grommelle, la lice au pays du vermeil, tuméfaction des plis souillés, ils me broient la bouche, les seins, me plaquent au sol, murmurant leurs blandices de déments extasiés :

« Mets en branle la machine, fais moi bander, scène d’entrée, c’est du porno, c’est pas pipo ! Et fais crisser mes hanches sur ton bassin de gosse, machinal va-et-vient, ahans réglementaires, barbare abaque suant, mines de poupée morne, souris, oscille, contemple toi, flaccide fiasque de chair turgide, fais comme dans le porno, accouche tes crescendo ! »


L’impatience spéculaire sur leur peau suppliciée, ils exigent des « oui », des chienneries, des frottements, des ahans gras, des moues humides : desserre les cuisses, allez, marie-caprice, fais comme à la télé, ondule ta peau sur le ciment, porte tes phalanges à ta gueule d’ange, en serment d’Harpocrate.

Crampes morflées aux reins zébrés, c’est le fond, la débâcle, aussi confort et nauséeux qu’un rêve de morphine, les gifles claquent, mais sans le son, j’ai fermé mon corps gourd, je m’en suis échappée.

Opacité diaphane, encore un mouvement, endorphines macabres.
Lente, publique à l’extrême, m’opposant aux mémoires d’insolences profanes, je ne cherche plus l’asile dans leurs yeux qui se baissent, c’est du porno, c’est pas pipo !

D'autres me feront, brandis, l’amour par contumace : mon image en mirage, baptême post-cathodique : holocauste de suie, mais là c’est du vrai glauque, coloré au réel. J’entends leurs voix grailleuses, quelque part dans le temps, loin du tempo du sang qui rugit tièdement : je me fais automate aux joues creuses et blafardes ; mécanique aux cantiques inlassables et factices, je tourne, me montre, m’asperge de vices, j’écarquille toute ma peau en reptations poignantes, comme dans la dernière scène, ils abstergent ma plaie, je suis la reine obscène d’un triste conventicule boursouflé de délire.

L’instant est insatiable, l'exuviation magique : le corps en mosaïque, abacules dispersés dans l’enfer parodique, fichée en pal au fond d’une cave, j’ai seize ans et je ne sais plus jouir.


~ W ~