Ego 4

Ego4 ! [E]crin des [G]ouffres et de l'[O]r - 1 entité poétique, [4] auteurs (F.G.W.C) Poésie en vers ou de verre brisé, désillusion et élévation, irrévérence et nonchalance, prose aérienne ou aencrée dans les entrailles, le maudit et l'espoir, beat et beatitude, la beauté et la ruine...
Communauté du verbe et de la vision, à la recherche du vrai, jusque dans l'horreur, le corps, le lâcher prise, l'abject, la démence, la folie, la perte de contrôle et de repères, le jouir!"

15 octobre 2006


Coupable de n'avoir lui


Invinciblement il me faut lever les yeux vers ce qui, en radical dérobement, s’accroche en fétus, en tessons… je ne vous écrirai plus je crois ; j’ai déposé les armes sur la gâtine molle et elles s’y sont enfouies: Difformité confuse.
Arrimée terrifiée au geste inopérant, à la volition morte, à la cangue enserrant un cou déjà brisé par des sujétions tièdes, je vous ai vu marcher sur l’empreinte de mes mots, et je vous ai perdus.
Presque fragile, je boîte… je parle en claudicant à ces hordes d’absents, aux visages mouillés de suées irrédentes : vibrions sédentaires aux voyages tronqués.

Une contiguïté existe entre l’œuvre et moi : presque tranquille je crois, presque fragile déjà.
Et rien n’est plus complexe que cette perception, l’immortalité n’est plus rien, son œuvre cicatricielle, cette peste imminente qui dessine à mes joues mille ornières injurieuses, achemine ses drames au caveau de mes lèvres, et scelle l’onction tragique d’une coulée sanieuse.
Si l’abjection m’accable, je me pavane encore, suave hasard funeste, je tombe en pourriture, j’intrigue, je me desquame, je vous offre mes charmes au lent pourrissement : nous vivrons mille siècles en fétides délices.

Dans l’épuisement, s’il devait advenir que ce corps s’abandonne au flux des courants qui le traversent, régressant par saccades au mode végétatif, ce ne seront que les signes univoques, un peu patho-logiques de la jeune Parque aux attraits pleins, cette parure mort-dorée de l’impitoyable viduité : quel deuil recèlerais-je juste avant l’exaction ? Prolégomènes à l’ablation.
Mon corps n’a pas trouvé sa place en ce monde inconscient, mon âme n’a pas trouvé sa place dans ces périples tièdes.
Je m’imagine à tendre vers des mirages talés, flaque nocive de gris ployée entre deux tranches de draps défaits, baignés.
Vivre… il n’est pas de mot plus frivole, bouche en cœur, jambes inertes, des pistes poussiéreuses, des vallées tant et tant dévalées.
Dormir, manger, faire l’amour, peindre des murs, monter des meubles, les démonter, les recoller comme des morceaux d’assiettes brisées, déménager ou s’enflammer : fuir l’habitude et ses habits d’ombrages purs.
Danser, mannequin vibrant de cire jaune insatiable, poupée dérivante, ronde-bosse enivrée qu’un vague Pygmalion a teinté de débâcle dans la lueur palmée de l’extrême déférence…

Avant de m’éveiller de l’ultime fatigue, dépressurisation en sas intermédiaire : les mosaïques métonymiques, superlatives porteuses de l’éligible vertige spéculaire, prestige d’une caste douloureusement glorieuse, visqueuse d’antiques lueurs qui s’échinent à survivre, je sophistique l’impact en guenilles placebo : Myrophore à l’orée des perditions létales… J’écume le nonchaloir, sédiments sans hasards.
L’infamie domestique, presque domptée, placide, sanguine et pléthorique, busc tordu, ambivalente de gouffres, je grave dans le tourment une ultime volte-face :

Pas de place pour l’aphasie, ni vraiment d’heures dédiées au songe, ne pas s’asseoir sur le plancher avec un livre comme mémoire, s’arrêter dans le flux des jours, c’est comme mourir, c’est comme s’éteindre ?
Fluide, légère, un sourire planté sur les dents, en projections holographiques d’inutiles rébellions, en espaces vectoriels…

Presque inutiles, le ciel empyrée, le trot des nébulées, tout ce vide suralimenté… je marche devant mes pas, dans l’écho d’outre foi.


W.