Testament de soie
Les entrailles des cieux colportent des vents de gloire,
Et la charmille soutient, plantureuse caryatide,
Les nébulées soucieuses d’anoblir cet hymen.
« J’ai rallié la terre, moi qui n’étais que ciel :
Des racines oubliées s’évadent de ma peau crue
Et m’implantent au sable.
Je suis sève, je suis volutes.
Mes seins délimitent la frange entre la chair
et l’irréel.
Que ne vienne jamais cette aube déicide
Pour que jamais se brisent ces liens alifères
Sous l’aveuglante ténèbre la fièvre est prolifique »
Englouti sous l’errance de cieux couleur de peau, d’une peau sans mémoire, contusionnée, frileuse ; carnation brute et suave aux confins des hauteurs, il se déroule un jeu, un pacte audacieux : C’est un jeu d’enfants sans mémoire, recelant toute la mémoire du monde dans un décorum virginal : un jeu leste et précieux de pure néologie.
Soudain ils se diffusent dans les rouges qui s’échancrent, peau historiée, unifiée, liquide agrandissant l’ellipse de la respiration, qui semble rassembler l’eau d’un miroir froissé.
Le halo aurifère les amplifie, ambreux, flagelles évidents réverbérant le tain, fragilement houleux à la charnière des reins : l’alliance primale embrase ces nomades sans destin.
Sont-ils enfin la proie d’une vie dont ils n’aimaient que l’ombre ?
Naufrage en face à face chacun dans l’âme de l’autre ; ils se pénètrent lentement, se dansent, s’aggravent de mille délits, d’exacte conjonction aux envols intrépides : ils sont de la race des comètes,
Ils sont de la caste frivole.
Diaphanes à jamais, ils entrent en plénitude ; sélènes, gavés de nacre ; sereins, gravés de sacre, les longs plis lustrés de pénombre, diaprures amplifiées de reflets et d’éclipses, ils ne font pas de bruit, ils se jouent en silence.
Cette non-absence de son clarifie l’immanence, repli en négatif, origami lissé…
Il y a des preuves tangibles d’une vie qui serpente : le lyrisme du sommeil, ses ressacs thoraciques ; remplissage de temps, histoire sans plus d’enjeu.
- « O, talismans impies, j’adjure la nuit blême
Le hasardeux des fluides, que ma clarté démasque
D’advenir prestement, de m’adouber bourrasque,
Dryade séculaire dans l’infini bohème »
Ils explorent l’un par l’autre cette aria qu’ils malaxent :
Les voilà fragmentés au plus près du miracle,
Otages de ce cocon de lumière fléchissante,
Générés par le ventre emperlé d’un vieux Monde
- « Brasillement d’air en toi, et mes prisons s’allègent
Je suis l’esprit du vent, l’infini fugitif
Je sais les ornements, éblouissants récifs
Que tu fais onduler par ton corps – sortilège »
Dans l’archipel des souvenirs usés comme des verroteries, l’indifférence nargue les ombres qui s’allongent.
Primordiale, dans les chancres du soir, grignotée par à-coup par l’ocre vespéral– ce qu’il reste au soleil lorsqu’il éteint ses feux – l’ivresse qu’ils diffractent marbre les empyrées.
Piqués crépuscule, de vibrance sagittale, ils touchent leurs lèvres du bout des doigts : prêts à être prononcés, des mots maculent leur bouche ;
Il ne leur reste qu’à se retirer, dans l’insondable transparence, dans les replis d’une chair somnolente et sauvage, oblats des nuances d’absolu noir pourpré sans nulle prime advertance.
W
1 Comments:
Thanks for writing this.
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